Dr Tim Nickel, médecin vétérinaire des services techniques – Bovins, Boehringer Ingelheim Santé Animale Canada Inc.
Résumé de l’article
- Tout programme robuste de lutte antiparasitaire doit comporter à la fois des options de gestion et de traitement.
- Les animaux dont tous les besoins nutritionnels sont comblés sont mieux à même de combattre les parasites internes et externes.
- Une densité animale optimale peut contribuer à réduire la propagation des parasites d’un animal à un autre.
- La gestion du pâturage – pâturage en rotation, mise en pâturage des jeunes animaux avant les plus âgés et repos des pâturages – peut également contribuer à limiter la charge parasitaire.
Les parasites tels que les mouches, les poux, les acariens ou les vers peuvent nuire à la santé et aux résultats de production des bovins. Or, on peut réduire au minimum leur impact en élaborant et en mettant en œuvre un programme de lutte antiparasitaire. Plusieurs stratégies de lutte sont à la disposition des producteurs, dont certaines options non chimiques sont décrites ci-dessous.
Offrir un régime alimentaire comblant tous les besoins nutritionnels des animaux afin qu’ils aient un bon état corporel est le moyen le plus efficace de réduire l’impact des parasites internes ou externes. Les animaux maigres ou souffrant de carences nutritionnelles, notamment en minéraux et en vitamines, sont plus vulnérables aux effets des parasites. Ils sont également plus susceptibles de contracter d’autres maladies. C’est pourquoi les animaux sont souvent plus touchés par les parasites dans des situations où leur alimentation n’est pas optimale, comme pendant un hiver long et froid ou une sécheresse. L’analyse du fourrage et la correction d’éventuelles carences peuvent grandement aider les animaux à lutter contre les parasites.
Le surpeuplement est un autre facteur de risque important. En effet, les parasites externes sont plus susceptibles de se propager lorsque les animaux sont proches les uns des autres. Les poux en sont un bon exemple : ils se propagent principalement par contact direct entre les animaux. Ainsi, plus les animaux sont entassés, plus les poux se propagent facilement au sein d’un groupe.
La densité animale sur le pâturage a également une incidence sur la charge de parasites internes. Les animaux ingèrent les vers lorsqu’ils broutent dans les pâturages. Le surpeuplement mène donc à une accumulation importante de fèces dans l’environnement, ce qui augmente la contamination du pâturage par les larves infectieuses de vers. En outre, lorsque la densité animale du pâturage est élevée, les animaux ont tendance à brouter plus près des tas de fumier, où les larves infectieuses sont les plus concentrées. Cela entraîne une augmentation de la charge parasitaire des animaux. La réduction de la densité animale au pâturage permet de diminuer la contamination de l’environnement par les larves infectieuses et d’éviter aux animaux de brouter à proximité de fumier, ce qui se traduit par une charge parasitaire plus faible des animaux.
La gestion du pâturage joue aussi un rôle important dans la lutte contre les parasites internes. Outre la réduction de la densité animale au pâturage, la rotation de pâturages constitue une autre stratégie que l’on peut utiliser. La grande majorité des larves infectieuses se trouvent sur la partie inférieure des plantes, près du sol. En déplaçant les animaux avant qu'ils n'atteignent cette partie lorsqu’ils broutent, on limite leur exposition aux parasites. De même, si les animaux doivent brouter dans les pâturages plus d’une fois au cours d’une saison, il faut tenir compte de la séquence de pâturage. De fait, la mise en pâturage des jeunes animaux, suivis des animaux plus âgés, permet de conserver les pâturages les plus propres pour les jeunes animaux plus vulnérables. Habituellement, les animaux plus âgés acquièrent une certaine immunité contre les vers au fil des saisons de pâturage et sont moins affectés par les larves qui restent dans le pâturage après le passage des jeunes animaux.
Dans la mesure du possible, on laisse les pâturages vides après la première mise au pâturage afin de réduire la quantité de vers qui s’y trouvent. Plus la période de repos est longue, moins nombreuses sont les larves qui survivent. Les larves ne terminent leur cycle de vie que lorsqu’elles sont ingérées par un animal, à l’intérieur duquel elles peuvent devenir adultes et se reproduire. Bien que certaines larves puissent encore survivre dans le sol, leur nombre sera fortement réduit.
On peut faire suivre les bovins d’une autre espèce de ruminants, comme des moutons, afin de réduire le nombre de parasites bovins présents dans un pâturage donné. En effet, les vers adaptés aux bovins ne survivent pas aussi bien chez les autres espèces de ruminants, et vice versa.
Un animal peut être plus vulnérable aux parasites en raison de son patrimoine génétique. Il est généralement admis que 20 % des animaux d’un groupe portent 80 % des parasites. D’après certaines données, ce phénomène est dû en partie à la génétique. L’idée serait d’identifier ces individus et de les éliminer du troupeau. Malheureusement, cela n’est pas facile à réaliser avec les outils actuellement disponibles. Toutefois, la technologie évolue rapidement et permettrait de faire une telle sélection dans un avenir proche.
Faites appel à votre médecin vétérinaire pour élaborer un programme complet de lutte antiparasitaire adapté aux circonstances et aux besoins spécifiques de votre élevage.