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Options thérapeutiques pour la lutte antiparasitaire chez les bovins

Treatment options for parasite control in cattle

Dr Tim Nickel, médecin vétérinaire des services techniques – Bovins, Boehringer Ingelheim Santé Animale Canada Inc. 

Résumé de l’article

  • Les pratiques de prise en charge des parasites (gestion du pâturage, densité animale, animaux ayant un bon état de chair) peuvent contribuer à réduire la population de parasites à la fois dans l’environnement et chez les animaux. Cependant, des interventions thérapeutiques peuvent encore être nécessaires. 
  • L’objectif du traitement n’est pas d’éliminer complètement les parasites, mais plutôt de maintenir leur nombre suffisamment bas pour réduire au minimum leur impact. L’élimination est rarement possible ou coûte trop cher.
  • Pour tirer le maximum d’un traitement, il faut utiliser le bon médicament, à la bonne dose, dans le groupe d’animaux approprié.
  • Le moment d’administration est crucial : si le traitement est administré trop tôt, il aura peu ou pas de bienfaits; s’il est administré trop tard, les parasites auront déjà eu un certain impact sur l’animal.

 

Les pratiques de prise en charge peuvent contribuer à réduire la charge parasitaire à la fois dans l’environnement et chez les animaux. Cependant, il peut être difficile d’obtenir une maîtrise adéquate des parasites uniquement par la prise en charge. Les animaux ont souvent besoin d’un traitement quelconque pour réduire l’impact des parasites sur leur santé et les résultats de production.

Il est préférable d’élaborer un programme de traitement avec votre médecin vétérinaire, qui connaît bien les conditions spécifiques de votre élevage. Plusieurs éléments sont à prendre en considération :

 

  1. Tous les animaux ont-ils besoin d’un traitement ou est-il possible de cibler des groupes ou des individus particuliers?

En ce qui concerne les poux, le traitement de tous les animaux d’un groupe permet d’obtenir une maîtrise optimale. Les individus non traités peuvent réinfecter les animaux d’un groupe après le déclin de la concentration du médicament dans le groupe traité. 

Dans le cas des vers gastro-intestinaux, administrer un traitement aux jeunes animaux est probablement le plus efficace. Les animaux d’un an (c.-à-d. les animaux d’engraissement à l’herbe, les taures de remplacement, les futurs taureaux reproducteurs) sont les plus touchés par les parasites, car ils n’ont pas eu le temps de développer autant d’immunité que les  animaux adultes. Les veaux nés plus tôt dans l’année (en janvier ou février) peuvent également être à risque. Quant aux animaux matures, ils ont développé une immunité au fil des saisons de pâturage et sont généralement moins touchés par les vers.

 

  1. Quel est le meilleur moment pour administrer un traitement? 

Il s’agit probablement de l’un des éléments les plus importants à prendre en considération. Si le traitement est administré trop tôt, il pourrait être gaspillé, mais s’il est administré trop tard, l’animal risque d’être déjà affecté. Toute décision thérapeutique doit tenir compte du caractère saisonnier du parasite en cause et de la durée d’efficacité du traitement.

De fait, le pic d’activité des mouches est atteint au milieu et à la fin de l’été. Un traitement au moment de la mise à l’herbe printanière, bien que pratique, n’aura que peu ou pas d’impact sur le nombre de mouches au milieu de l’été, car la concentration du médicament aura alors diminué.

Les poux ne s’activent que lorsque la température extérieure baisse. Un traitement au début de l’automne, lorsque le temps est encore doux, peut donc s’avérer inefficace. En effet, le traitement peut n’être plus efficace au moment où les poux deviennent actifs. Le traitement sera plus efficace si l’on attend que les températures soient plus basses.

Les vers gastro-intestinaux doivent passer une partie de leur cycle de vie en dehors de l’hôte, sur le pâturage. C’est pourquoi ils auront un plus grand impact à la fin de la saison de pâturage et à l’automne alors que leur nombre atteint son maximum. L’utilisation d’un produit classique à la mise à l’herbe n’aura qu’un impact minime, car il n’y aura plus de médicament au moment où la population de vers va augmenter dans les pâturages. Bien que l’administration d’un traitement à l’automne soit efficace, les animaux peuvent déjà avoir subi certains effets des parasites au cours de la saison de pâturage. L’emploi d’un traitement efficace plus tard dans la saison de pâturage aurait davantage de bienfaits, mais il n’est pas toujours pratique ou facile à faire.

 

  1. Quel médicament ou quel produit utiliser?

Certains produits sont efficaces contre les parasites tant internes qu’externes (p. ex. les lactones macrocycliques comme l’ivermectine ou l’éprinomectine) alors que d’autres peuvent être plus spécifiques (p. ex. les benzimidazoles sont efficaces uniquement contre les parasites internes, tandis que les pyréthrines sont efficaces uniquement contre les parasites externes). Il convient d’utiliser le bon produit pour le ou les parasites ciblés.

La voie d’administration (application topique, injection ou administration orale) est un autre facteur dont on doit tenir compte. 

La durée d’efficacité du produit doit aussi être prise en considération. En effet, les produits à courte durée d’action (un jour ou deux) peuvent nécessiter plus d’une dose. Les produits à action intermédiaire (semaines) ou à action prolongée (mois) peuvent offrir une meilleure maîtrise dans le temps, mais nécessitent une période de retrait plus longue.

 

Erreurs courantes à éviter lors du traitement des animaux contre les parasites

Il convient d’utiliser la bonne dose, idéalement en fonction du poids réel de l’animal. On doit être aussi précis que possible lorsqu’on estime le poids d’un animal. Par ailleurs, si on utilise la même dose pour un groupe d’animaux, on doit établir la dose en fonction du poids des animaux les plus lourds, et non du poids moyen du groupe. Cela permettra d’éviter un sous-dosage ou de réduire le nombre d’animaux recevant une dose insuffisante. 

Il est important d’appliquer le traitement topique conformément au mode d’emploi figurant sur l’étiquette du produit. On évite aussi la pulvérisation excessive du produit, ce qui éclabousse le dos de l’animal et envoie le produit sur la cage de contention ou sur le sol. Si, selon le mode d’emploi, le produit doit être appliqué du garrot à l’attache de la queue, ne pas l’appliquer sur une plus petite surface ou un point précis, car cela peut nuire à l’efficacité du produit.

On doit administrer les produits injectables à l’endroit approprié, conformément au mode d’emploi figurant sur l’étiquette (c.-à-d. par voie sous-cutanée ou intramusculaire). Il est important d’administrer le traitement au bon moment, sinon il peut être inefficace.

Si vous pensez qu’un traitement n’a pas été efficace, parlez-en à votre médecin vétérinaire. Il ou elle peut vous aider à découvrir ce qui a pu se passer. 

La perte de poils et les démangeaisons chez les bovins en hiver sont souvent considérées comme étant dues aux poux. Cependant, d’autres facteurs peuvent être en cause. Il est important d’examiner les animaux pour confirmer la présence de poux.  

En cas de doute sur l’efficacité d’un vermifuge, votre médecin vétérinaire peut vous suggérer d’effectuer un test de réduction de l’excrétion fécale. Il s’agit de comparer le nombre d’œufs dans les fèces relevé avant et après le traitement. Il est important de se rappeler certaines limites de la numération des œufs dans les fèces.

Comme toujours, consultez votre médecin vétérinaire, qui pourra vous conseiller les traitements les mieux adaptés à votre élevage et à votre situation.